LE COMMERCE DES MOTS
édité en mars 2017
Remerciements
Je remercie Évelyne mon amie correctrice.
Je remercie pour la réalisation de la première et la quatrième de couverture mon fils aîné… L’œil aiguisé de mon petit-fils vint y poser aussi son avis… Mon roman transpire d’amour… jusqu’en son manteau !
L’image choisie en première de couverture est issue de Pixabay qui offre ses images gratuitement. Bel esprit des heures nobles d’internet… Merci.
Chers lecteurs et lectrices, je vous remercie de votre passage en mes mots.
L’amour est dans le cœur de mon histoire.
Hommage aux femmes de ma famille et aux femmes de la Terre, ces oubliées de l’histoire, qui ont nourri la mienne, à qui je voue tendresse et respect à travers cette fiction…
Céline notre héroïne travaille pour l’éditeur Jean Charles Édouard De La Courriège qui tombe fou amoureux de Rose Elvire, rencontrée chez des VIP, une riche héritière qui s’est moquée durement de ses publications… L’histoire se déroule en 2035 et plonge en 36… Un petit passage sur JC comme le surnomme Céline :
Chapitre
IV
J C
Quelle mouche a piqué l’éditeur de Mourir d’Amour ? Ce roman qui a fait pleurer une majorité de femmes et a reçu le prix de la Féminité Encrée. Cette œuvre vendue en numérique à treize millions et six cent mille exemplaires à travers le monde dans les années 2020 qui a rivalisé et envoyé au tapis l’autre grande maison d’éditions, fleuron de la littérature sentimentale : A l’heure du thé.
Mourir d’Amour, un roman qui narre l’histoire d’une rencontre entre une pauvre pauvre pauvre belle belle très belle jeune fille, vierge, vendeuse de cigarettes à la sauvette dans le métro, tuberculeuse, souvent égarée sous des cartons, et d’un homme dans la force de l’âge, un homme particulièrement bon. Un veuf, riche, mais qui a souffert, et qui se perd dans la brume de ses Havane.
…
Jean Charles Édouard revient en salle de réunion avec un manuscrit à la main et vocifère, fier : « Vous êtes des idiotes des imbéciles, mesdames les responsables du marketing. Il était temps que je mette mon nez ici, pour vous parler du pays ! Les hommes et les femmes ne se rencontrent plus, le virtuel a remplacé le réel, tous ont peur des virus, les maladies infectieuses se sont multipliées, mon test du baiser sain s’est vendu tous les mois à dix millions d’exemplaires, (il a des actions dans les laboratoires qui les créent). Le partage n’existe pratiquement plus, chacun vit chez soi. Le taux de natalité frise le niveau zéro, Il faut s’adapter à cette réalité. Le prince charmant c’est le sex-toys et lui, une pile et ça repart ! Un coup de stérilisateur et pas de peur ! Faut renouveler vos gardes-mots mesdames ! Le moteur de l’évolution a changé de camp. Je veux vous entendre butiner de l’éros solitaire pour que nos lectrices ne culpabilisent pas de ce joli moment de réconfort qu’elles trouveront avec tous nos produits dérivés : du gel aux pétales de roses en passant par la location, d’un pianiste, (Jean Charles Édouard joint le geste à la parole*), ce serviteur zélé, courtois, assermenté, aseptisé ! Compris ! »
* Une horreur n’arrive jamais seule
Pour sa bonne cause, Jean Charles Édouard a tout prévu. Il vient de créer sa Maison de la Fraternité qui loue pour une somme modique prélevée directement sur salaire, un professionnel homologué toujours frais, pour quelques heures de massages spécialisés… rien à voir avec un passe-massage sans hygiène ni agrément public.
« Je veux de la vie de la joie du sexe royal du sexe gourmand ! Je veux du sublime du régal de la jouissance épanouie qu’on lit jusque dans les yeux des héroïnes. Avec des mots simples bien ajustés à des émotions des sentiments qui donnent du rêve à nos lectrices près d’une RÉALITÉ POSSIBLE, accessible qu’elles trouveront avec NOS PRODUITS ! Il faut sortir la femme de son ghetto-moyenâgeux, avec doigté, finesse, lui faire découvrir qu’elle est une jouissive dont l’épanouissement n’est pas un luxe ! Cap sur les multiples plaisirs ! Changement de direction ! Du nerf que diable ! A vos plumes et à vos explorations* ! »
* L’autre horreur
Il est clair que Jean Charles Édouard ne cherche ni à rompre les règles sociales ni les codes de quoi que se soit. Il s’adapte à la réalité du terrain, à ce qui se vend le mieux. Si demain le sexe faible devient le sexe fort, il ira dans ce sens. Ce n’est pas un souci pour lui. Ce qui est essentiel, c’est que sa fortune se maintienne au plus haut niveau.
Quoi quoi c’est sa liberté de penser ! Quant à celle des autres ce n’est pas son souci. Oui certes il n’y a pas beaucoup de choix sous les yeux des lectrices, mais bon il ne faut pas exagérer, il ne met pas un pistolet sur la tempe des acheteuses. Ses romans ne les lobotomisent pas. Il en a assez que la littérature sentimentale passe pour une sous culture pour névrosées, car il les nourrit ces lectrices, de cette belle liberté de rêver. Il remplit le sac à dos de la ménagère qui survit et peut rêver, par ses soins, dans un monde si hostile. Voilà son combat, qui oserait dire que ce n’est pas un noble combat ?
Il pense à tout. Sauf que si ses collaboratrices sont trop timorées à son goût, c’est qu’elles vivent constamment dans la peur d’être licenciées alors… l’orgasme.
Ce jet de plaisir en lui-même ne nourrit pas plus la femme que l’homme, ce n’est pas pour rien que les aménorrhées ont refait surface comme aux temps des disettes des siècles tyranniques d’une histoire oubliée…
« Qui soupire ? », tempête Jean Charles Édouard De La Courriège. Il boit un grand verre d’eau et reprend le cours de sa diatribe tel un zébulon* en pleine exaltation, le manuscrit en l’air comme pour d’autres, le poing : « Plus de libération, de soumission, sortons du formatage idiot, la famille a explosé ! Et ras le bol de ces malades qui parlent du viol comme d’un sale moment à passer, presque d’un acte anodin, faut lire ça pour le croire, foutaises de chiottes ! Foutez-moi toutes ces imbécillités à la poubelle ! »
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